Les splinter skills sont des aptitudes qui sont déconnectées de leur contexte et/ou de leur but habituel. Comme elles ne sont qu’un « fragment » ou une fraction d’un ensemble de compétences utiles, elles peuvent ne pas être particulièrement utiles dans des situations du monde réel. On peut citer comme exemple la capacité à dresser une liste de statistiques sur le football sans comprendre le jeu de football, ou la capacité à mémoriser un horaire de bus sans comprendre comment se rendre à une gare routière ou acheter un billet. Les compétences en matière d’éclatement sont courantes chez les personnes atteintes d’autisme et peuvent être très frustrantes pour les parents et les enseignants qui sont désireux d’aider les enfants à établir des liens et à acquérir des compétences utiles.
A quoi ressemble le « Splinter Skills » ?
Le film Rainman
, Dustin Hoffman a dépeint un homme atteint d’autisme qui est soudainement transféré d’une institution au monde entier. Son frère, joué par Tom Cruise, veut faire un tour en avion. Le personnage de Dustin Hoffman refuse de prendre l’avion sur une autre compagnie que Qantas parce qu’il a mémorisé toutes les statistiques de tous les accidents aériens qui se sont produits. D’après ses connaissances, Qantas, seul, n’a jamais eu d’accident. Ainsi, seul Qantas est une compagnie aérienne sûre.
Le personnage de Hoffman, bien qu’il soit clairement capable de comprendre et d’interpréter les statistiques, est incapable d’utiliser ses connaissances de manière significative ou pratique. Bien qu’il ait raison de dire que Qantas est une compagnie aérienne sûre, il est évidemment impossible de faire voler Qantas (une compagnie australienne) sur le territoire continental des États-Unis. Le personnage, cependant, est incapable de saisir cette réalité et de s’y adapter. En d’autres termes, il possède des compétences qui, bien qu’impressionnantes en elles-mêmes, sont « éclatées » ou séparées de leur signification.
Certaines compétences éclatées, comme celles que l’on a vues dans Rainman
, sont si extraordinaires qu’elles dépassent littéralement les capacités des gens ordinaires. On les appelle aussi « compétences savantes ». Mais la plupart de ces compétences ne sont pas aussi impressionnantes. Un exemple pourrait être la capacité d’un enfant autiste à réciter le script entier d’une émission de télévision sans comprendre les mots ou à assembler un puzzle complexe sans comprendre ce que l’image représente.
Quelle est la fréquence des splinter skills ?
Les enfants en général ont tendance à se faire des échardes. Demandez à un enfant neurotypique, par exemple, d’expliquer la signification du Serment d’allégeance, ou de discuter de ce qui fait qu’un carré est un carré. De nombreux jeunes enfants peuvent réciter un scénario mémorisé ou identifier un objet sans vraiment comprendre ce qu’ils disent ou ce qu’ils regardent.
Pour la plupart des enfants, les compétences en matière d’éclats sont le début d’un processus d’apprentissage qui mène à des aptitudes utiles. Par exemple, une fois qu’un enfant est capable de frapper un ballon dans un but, il peut s’intéresser au football et vouloir apprendre le large éventail de compétences nécessaires pour bien jouer. La capacité à réciter un script conduit généralement à la compréhension des concepts communiqués par le script. Les enfants autistes peuvent cependant se retrouver bloqués lorsqu’ils tapent dans un ballon dans un but ou lorsqu’ils récitent une série de sons mémorisés dénués de sens.
Les splinter skills dans l’autisme
Pour les parents d’enfants autistes, il peut être particulièrement difficile de séparer les compétences en matière d’éclatement de la compréhension. En effet, les enfants autistes peuvent avoir des compétences qui semblent plus importantes et plus variées qu’elles ne le sont. Par exemple, l’hyperlexie (la capacité de décoder les mots) est courante chez les enfants autistes ; ces enfants peuvent lire les mots à haute voix mais ne comprennent pas toujours leur signification. De même, beaucoup d’enfants autistes sont extraordinairement doués pour la mémorisation par cœur et peuvent déchiffrer des paragraphes entiers mémorisés dans des livres ou des vidéos sans en saisir la signification.
Voici quelques autres exemples plus courants de compétences en matière d’éclats :
- un enfant qui peut réciter son alphabet à l’envers à l’âge de trois ans, mais qui est incapable de comprendre à quoi servent les lettres ou comment elles sont fabriquées
- une fille qui peut réciter le scénario complet de La Belle et la Bête de Disney, mais qui ne peut répondre à aucune question sur les personnages ou l’histoire
- un homme qui peut vous donner les statistiques de chaque joueur de base-ball de la Major League mais qui ne sait rien de la façon dont le jeu est joué et qui n’est pas capable de suivre un match s’il le regarde
Comme il peut être délicat d’identifier les aptitudes à la fragmentation, il est important que les parents sondent le niveau de compréhension de leur enfant autiste. Par exemple, la capacité à lire une horloge n’indique pas nécessairement une aptitude à comprendre ou à gérer le temps. La capacité à reproduire des mots correctement orthographiés n’indique pas nécessairement une disposition à écrire des phrases significatives.
Les compétences en matière d’éclatement sont-elles utiles ?
Dans quelle mesure ces « compétences en matière d’éclatement » sont-elles vraiment utiles ? Au fil du temps, les compétences de base peuvent devenir la base d’intérêts et de capacités dans le monde réel, mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, alors que certains enfants ayant des compétences particulières en mathématiques peuvent commencer à relier leurs capacités à des problèmes de classe, beaucoup continuent à se contenter de réciter des tableaux ou des graphiques mémorisés. Et si certains jeunes peuvent utiliser des vidéos mémorisées comme outils pour mieux comprendre des relations humaines ou des concepts, d’autres ne peuvent utiliser leurs scénarios mémorisés que pour s’auto-calmer.
La capacité à élargir la compréhension n’est pas nécessairement le reflet de l’intelligence. Elle est plutôt liée à la capacité d’un individu à « généraliser » ou à appliquer des informations, des mots ou des idées appris dans un contexte à un autre.
- Happé F. Pourquoi les compétences savantes et les talents particuliers sont-ils associés à l’autisme ? Psychiatrie mondiale. 2018;17(3):280-281. doi:10.1002/wps.20552
- Société médicale du Wisconsin. Hyperlexie : Précocité de la lecture ou habileté savante ? Décembre 2011.