Il ne fait aucun doute que les médicaments utilisés pour traiter le VIH ont incroyablement progressé au cours des 20 dernières années. Ce que certains ne réalisent peut-être pas, c’est à quel point les médicaments antirétroviraux se sont améliorés depuis 1996, lorsque la première trithérapie a changé le cours même de la pandémie.
Brève histoire de la thérapie antirétrovirale
Avant 1996, l’espérance de vie moyenne d’un homme de 20 ans nouvellement infecté par le VIH était de 19 ans. Si les médicaments antirétroviraux de l’époque ont réussi à ralentir la maladie, la résistance aux médicaments s’est rapidement développée, et les gens se retrouvaient souvent avec peu ou pas de possibilités de traitement après quelques années.
En même temps, le nombre de pilules prises quotidiennement pouvait être étonnant. Dans certains cas, une personne devait prendre 30 pilules ou plus par jour, souvent à intervalles de quatre à six heures, 24 heures sur 24.
Puis, en 1995, une nouvelle classe de médicaments appelée inhibiteurs de protéase a été introduite. À peine un an plus tard, trois études différentes ont confirmé que l’utilisation d’une trithérapie permettait de contrôler complètement le virus et d’arrêter la progression de la maladie.
En deux ans à peine, l’introduction de la thérapie combinée a entraîné une baisse remarquable de 60 % des décès et des maladies liés au VIH. Cette révélation a marqué le début de ce que l’on appellera l’ère du HAART (thérapie antirétrovirale hautement active).
Progrès dans la thérapie combinée
Bien qu’elle ne soit pas exempte de défis, la thérapie antirétrovirale moderne a maintenant atteint un point où les toxicités des médicaments ne sont plus que l’ombre de ce qu’elles étaient. La résistance aux médicaments est généralement plus lente à se développer, alors que le dosage ne nécessite qu’une seule pilule par jour.
Plus important encore, avec un traitement approprié, une personne nouvellement infectée par le VIH peut s’attendre à jouir d’une espérance de vie presque normale. Selon les recherches, un homme de 20 ans infecté aujourd’hui pourrait survivre jusqu’à 70 ans et plus.
Comment fonctionnent les antirétroviraux
Les médicaments antirétroviraux ne fonctionnent pas en tuant activement le virus. Ils ciblent et bloquent plutôt les différentes étapes du cycle de vie du virus. Ce faisant, le virus est incapable de se reproduire et de faire des copies de lui-même. Si le traitement se poursuit sans interruption, la population virale tombera à un point où elle sera considérée comme indétectable.
Comme le virus n’est pas tué, il peut réapparaître (rebondir) si le traitement est soudainement interrompu. La même chose peut se produire si les médicaments ne sont pas pris de façon régulière comme prescrit. Au fil du temps, un dosage incohérent peut entraîner le développement d’une résistance aux médicaments et finalement l’échec du traitement.
Classes de médicaments antirétroviraux
La thérapie combinée contre le VIH fonctionne en bloquant plusieurs étapes du cycle de vie du VIH à la fois. Il existe actuellement six classes de médicaments antirétroviraux, chacune étant classée selon l’étape du cycle de vie qu’elle inhibe :
- Antagonistes des co-récepteurs des chimiokines ADD (comprenant deux sous-classes, les antagonistes CCR5 et les antagonistes CXCR4)
- Inhibiteurs d’entrée
- Inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse
- Inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse
- Inhibiteurs d’intégrase
- Inhibiteurs de protéase
En 2017, 43 médicaments antirétroviraux différents avaient été approuvés par la Food and Drug Administration américaine, dont 14 combinaisons à dose fixe, qui contiennent deux médicaments ou plus.
Des médicaments plus récents et plus avancés sont actuellement mis au point, ce qui permettrait de réduire les triples médicaments à deux. D’autres formulations pourraient bientôt permettre des injections mensuelles ou trimestrielles plutôt que des pilules quotidiennes.
Pourquoi la thérapie combinée fonctionne
Lorsqu’ils sont utilisés en combinaison, les médicaments antirétroviraux fonctionnent comme une équipe de marquage biochimique, capable de supprimer efficacement la multitude de mutations virales qui peuvent exister au sein d’une population VIH. Si le médicament A est incapable de supprimer une certaine mutation, alors les médicaments B et C peuvent généralement faire l’affaire.
Les tests de résistance génétique fournissent aux médecins les outils nécessaires pour identifier les mutations résistantes avant le début du traitement. Ce faisant, le médecin peut adapter le traitement en choisissant les médicaments les plus aptes à supprimer ces mutations.
En gardant la population virale totalement supprimée, non seulement les médicaments agissent plus longtemps, mais il y a généralement moins d’effets secondaires.
Les antirétroviraux peuvent également être utilisés pour réduire le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant, pour éviter l’infection après une exposition accidentelle ou pour aider une personne séronégative à éviter d’être infectée.
Sources des articles (certains en anglais)
- Marcus JL, Chao CR, Leyden WA, et al. Réduire l’écart d’espérance de vie entre les personnes infectées et non infectées par le VIH ayant accès aux soins. J Acquérir le syndrome immunodéficitaire. 2016;73(1):39-46. doi:10.1097/QAI.0000000000001014
- Sabin CA. Les personnes infectées par le VIH ont-elles une espérance de vie normale à l’ère des thérapies antirétrovirales combinées ? BMC Med. 2013;11:251. Publié le 27 novembre 2013. doi:10.1186/1741-7015-11-251
- Département de la santé et des services sociaux. Directives pour l’utilisation des agents antirétroviraux chez les adultes et les adolescents infectés par le VIH-1. Mis à jour le 18 décembre 2019.
- Zhang X. Médicaments antirétroviraux : état actuel et développement au cours de la prochaine décennie. Acta Pharm Sin B. 2018;8(2):131-136. doi:10.1016/j.apsb.2018.01.012
Lectures complémentaires
- Hogg R, Samji H, Cescon A, et al. Changements temporels dans l’espérance de vie des personnes séropositives : Amérique du Nord. 19e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI). 7 mars 2013 ; Seattle ; présentation orale 137.