Quel est le risque de contracter le VIH lors de relations sexuelles anales ?

Le risque de contracter le VIH lors d’un rapport sexuel anal non protégé est considéré comme extrêmement élevé, soit 18 fois plus que lors d’un rapport sexuel vaginal. Les raisons de ce risque accru sont bien connues et comprennent des facteurs tels que

  • La fragilité des tissus rectaux, qui permettent au virus d’accéder directement au système sanguin par de minuscules déchirures ou abrasions
  • La porosité des tissus rectaux, qui permet l’accès même en l’absence de dommages
  • La forte concentration de VIH dans le sperme et le liquide pré-séminal (« pre-cum »), qui double le risque d’infection à chaque augmentation d’un log (un chiffre) de la charge virale de la personne.
Couple holding each other in a park

En outre, la sécrétion de sang à partir de tissus rectaux endommagés peut augmenter le risque pour le partenaire qui insère (« top »), fournissant au virus une voie de transmission par l’urètre et les tissus qui tapissent la tête du pénis (en particulier sous le prépuce).

Risque d’infection par le VIH par acte et par partenaire

Dans leur examen de 16 études différentes de grande qualité, les chercheurs de l’Imperial College et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont conclu que l’ acte à risque

de VIH par rapport au sexe anal sans préservatif était d’environ 1,4 % pour le partenaire réceptif (« du bas »).

En revanche, le risque par partenaire – dans

lequel une personne séropositive est dans une relation exclusive avec un partenaire séronégatif – donne une image plus claire tant pour le partenaire réceptif que pour le partenaire qui a inséré le préservatif.

Les dix études examinées ont été menées uniquement auprès d’hommes gays ou bisexuels et n’ont porté ni sur la durée de la relation ni sur la fréquence des rapports sexuels sans préservatif. Une analyse des données a pu le montrer :

  • Les partenaires qui ont eu des relations sexuelles anales à la fois réceptives et insérées sans préservatif présentent un risque sommaire de 39,9 %.
  • Un partenaire séronégatif qui a uniquement des relations sexuelles anales avec pénétration sans préservatif a un risque global de 21,7 %, tandis que le partenaire séronégatif réceptif a un risque d’environ 40,4 %.

Stratégies de réduction des risques

Comme pour tout autre mode de transmission du VIH, la prévention nécessite une combinaison de stratégies pour être plus efficace :

  • Réduire l’infectiosité du partenaire séropositif
  • Réduire la susceptibilité du partenaire séronégatif

Les preuves actuelles ont montré que l’utilisation systématique d’une thérapie antirétrovirale (ART) chez le partenaire infecté par le VIH élimine complètement le risque de transmission du VIH lorsque l’activité virale est supprimée à des niveaux indétectables.

Cette stratégie, connue sous le nom de traitement comme prévention (TasP), est mise en évidence par les études PARTNER1 et PARTNER2, dans lesquelles pas une seule infection par le VIH n’a été constatée chez 1770 couples homosexuels et hétérosexuels à statut mixte, malgré des rapports sexuels anaux ou vaginaux sans préservatif. Ces études, qui se sont déroulées de 2010 à 2018, ont montré sans équivoque que « indétectable » équivaut à « non transmissible » dans le monde réel.

Le recours à la prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui consiste à prescrire au partenaire non infecté une dose quotidienne de Truvada, un médicament contre le VIH, peut également réduire le risque. Des études ont montré que lorsqu’elle est prise quotidiennement, la PPrE réduit le risque de contracter le VIH lors de rapports sexuels d’environ 99 %.

Bien que ces chiffres puissent suggérer que les préservatifs ne sont plus nécessaires, ni la TasP ni la PrEP ne peuvent prévenir d’autres maladies sexuellement transmissibles. De plus, selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), seuls 59,8 % des Américains séropositifs sont capables d’atteindre une charge virale indétectable. Sans une suppression virale complète, le TasP est rendu inutile, ce qui met en danger le partenaire non infecté.

À cette fin, l’utilisation systématique de préservatifs peut prévenir 7 transmissions sur 10 par le sexe anal, selon le CDC. Cela offre une couche de protection supplémentaire lorsqu’il est utilisé avec d’autres pratiques sexuelles sûres.

Si vous pensez avoir été exposé au VIH, soit par une rupture de préservatif lors d’un rapport sexuel anal sans préservatif, il existe des médicaments qui peuvent réduire votre risque d’infection, appelés prophylaxie post-exposition (PPE).

La PEP consiste en un traitement antirétroviral de 28 jours, qui doit être pris complètement et sans interruption. Afin de minimiser le risque d’infection, la PPE doit être commencée le plus tôt possible, idéalement dans un délai d’une à 36 heures après l’exposition.

Sources des articles (certains en anglais)

  1. Baggaley R, White R, Boily C. HIV transmission risk through anal intercourse : systematic review, meta-analysis and implications for HIV prevention. International Journal of Epidemiology. 2010 ; 39(4):1048-1063. doi:10.1093/ije/dyq057
  2. Rodger A, Cambiano V, Bruun T, et al. Risk of HIV transmission through condomless sex in serodifferent gay couples with the HIV-positive partner taking suppressive antiretroviral therapy (PARTNER) : final results of a multicentre, prospective, observational study. Lancet. 2019;393(10189):2428-2438. doi:10.1016/S0140-6736(19)30418-0
  3. Anderson PL, Glidden DV, Liu A, et al. concentrations d’emtricitabine-ténofovir et efficacité de la prophylaxie pré-exposition chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Sci Transl Med. 2012;4(151):151ra125. doi:10.1126/scitranslmed.3004006
  4. Centres de contrôle et de prévention des maladies. Comprendre le continuum des soins du VIH. Mis à jour en juillet 2019.
  5. Centres de contrôle et de prévention des maladies. Les relations sexuelles anales et le risque de VIH. Mis à jour le 8 novembre 2019.

Lectures complémentaires

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